Les cours de fabrication
Précisons ce qu’on entend par Fabrication : véritable plaque tournante dont le savoir technique exigeant permet de prendre en charge les dossiers des clients, les étudier, les planifier, les dispatcher munis de toutes les données techniques nécessaires vers les fournisseurs appropriés.
De ce Cours de Fabrication plantons maintenant le décor : au premier étage, nous nous trouvions dans un grand couloir avec tout de suite à droite la porte de la salle que parfois Philippe ouvrait après que nous avions tous gagné notre place. Grande salle classique avec plancher et estrade pour l’enseignant. Couleur ? Je vous ai dit classique, donc grise ! [...]
Cours de Typographie et d’Imposition par Monsieur Bausinger
Monsieur Bausinger, alsacien cent pour cent, fut certainement l’homme qui nous a le plus marqués durant notre passage à Estienne. Comment vous le définir ? Derrière un homme à la carrure et la taille plus qu’imposantes – une véritable armoire à glace – se cachait un passionné, oserai-je dire un dingue de l’imposition. [...]
Monsieur Larousse évoque bien une troisième définition, celle qui nous concerne ici. Pour rester dans le cadre typographique de l’époque, essayons d’être un peu plus précis que lui. Pour fabriquer un livre, exemple le plus courant, chaque cahier devait pour être imprimé avoir une forme imprimante recto et une forme imprimante verso. Un cahier pouvait être composé de 8, 12, 16, 24 ou 32 pages. De plus il y avait plusieurs façons de plier un cahier : plis croisés, plis parallèles, plis roulés, plis portefeuille, voire même mélange de deux. L’imposition consiste à mettre chaque page de plomb à sa bonne place dans chaque forme recto et chaque forme verso pour qu’une fois le cahier imprimé et plié, les pages se retrouvent bien dans l’ordre chronologique. Ce sont ces façons de faire multiples qui font la complexité de l’imposition. [...]
Cours Édition – Livre de qualité – Publicité par Monsieur Garcia
Tenue impeccable, complet bleu marine, chemise blanche, cravate, il aimait s’asseoir en posant ses coudes sur le bureau tout en joignant les mains par le bout des doigts. Ainsi installé, il nous invitait, pour donner plus de convivialité, à nous approcher de lui en nous asseyant sur nos propres bureaux. Pêle-mêle il aimait bien, avant de commencer le cours, nous demander ce que nous avions fait durant la semaine. Personnage haut en couleur, nous avons beaucoup appris à son contact sur la beauté du livre comme sur le jugement qualitatif de la publicité : « En dehors des connaissances procurées par le dessin, on peut étendre son éducation artistique par l’analyse et la critique des imprimés lancés journellement dans la circulation. Nous conseillons de ne jamais négliger d’étudier avec soin ces imprimés et de toujours rechercher le pourquoi de ce que vous trouverez bien ou mal. C’est par cette étude raisonnée que vous gagnerez le coup d’œil typographique, juste et rapide, et que vous atteindrez, tout en vous récréant, à l’éclectisme qui façonnera votre goût, renforcera votre jugement et simplifiera votre besogne. » Georges Valette. Une telle compétence, un tel enseignement sont indémodables et aujourd’hui encore, il n’est pas mauvais de s’en inspirer.
Extrait du chapitre « L’École Estienne »
Photo n°5 – Les élèves du cours « Agent de fabrication » 1954-55
De gauche à droite, 1er rang : Pierre Vié, Jacques Robert, Jacque Caron, Jacques Lemoux, Maurice Gauthier.
De gauche à droite, 2e rang : Alain Vatar, Bruno Lancelot, René Giorgia, Maurice Bourg, Yves Wetterwald, Jacques Schilz, Philippe Noël, Jacques Maillot, Jean Rochat, Maurice Guilvert.
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