L’héliogravure

Le procédé

Contrairement à la typographie [impression en relief] et à l’offset [impression à plat] le procédé héliogravure est un procédé de gravure en creux. Nous en avons parlé dans le chapitre Redoute. D’où vient-il ? Quelle peut bien en être l’origine ?

À l’origine : la taille douce

Pour le savoir, il faut chercher du côté de la taille-douce. Le principe même de la taille-douce consiste à graver à la main [burin ou acide] l’image que vous souhaitez reproduire sur papier. Cette gravure se fait généralement sur une plaque de cuivre. Votre gravure terminée, vous encrez la plaque de façon à bien remplir les parties creuses de votre image gravée. À la façon d’une racle, vous essuyez l’excès étalé en surface pour ne laisser que l’encre restée dans les creux. À ce stade, votre plaque prend l’allure d’un vrai tableau : imaginez l’image en noir se détachant de la surface lisse et brillante du cuivre ! Mais tel n’est pas le but. Il est temps de prendre votre feuille de papier, spécialement adaptée à la taille-douce, et de la passer en pression pour soutirer l’encre restée dans les creux de l’image gravée. Admirez, c’est beau, c’est magique !

Aujourd’hui : la gravure électronique

Par contre maintenant, il n’est plus question de burin mais de gravure électronique, comme il n’est plus question de plaque de cuivre mais de cylindre d’acier recouvert d’une pellicule de cuivre. On passe ainsi d’une impression à plat à une impression cylindrique ouvrant des perspectives de vitesse d’impression sans commune mesure. Pour chacun des quatre cylindres quadrichromie, votre image est de fait composée d’une multitude d’alvéoles microscopiques, une sorte de quadrillage invisible à l’œil nu. En tournant sur son axe, chaque cylindre baigne dans un bac où se trouve l’encre de la couleur prévue à cet effet. Contrairement à l’offset, cette encre, à base de solvants, est liquide comme de l’eau et c’est une racle métallique qui essuie derrière l’excès d’encre resté en surface. La bande de papier passant en pression cylindre après cylindre, prendra le surplus d’encre resté dans les alvéoles. Ce sont ces petits surplus qui formeront l’image définitive.

Offset ou hélio ?

Une précision s’impose ici : en offset l’image se forme grâce à la variation de surface des points de trame tandis qu’en hélio c’est grâce à la variation des creux des alvéoles. L’une comme l’autre sont invisibles à l’œil nu. Un petit truc pour concrétiser visuellement ce qui vient d’être dit : approchez votre œil près d’une affiche publicitaire collée dans le métro. Vous découvrirez ce que vous ne pouvez voir dans votre magazine familier.

Vous avez là, en très concentré, le procédé héliogravure. Par rapport à l’offset, c’est un procédé beaucoup plus lourd dont l’important travail de préparation et de mise en route est non seulement plus long mais aussi nettement plus onéreux. Une chose est de refaire une plaque offset pour un défaut lambda, une autre est de refaire un cylindre pour le même défaut. À l’aide d’un palan, il vous faudra sortir le cylindre de son logement dans la rotative pour le remplacer par un autre dont la gravure [très longue] aura dû être refaite entièrement auparavant. Ne parlons même pas de la place nécessaire au stockage des cylindres en comparaison de celle qu’il faut pour les plaques offset. Pour toutes ces raisons qui doivent vous paraître évidentes, le procédé héliogravure est plus destiné aux catalogues ou magazines à gros tirages, laissant ainsi à l’offset tous les tirages de moindre quantité et réclamant davantage de souplesse tels que revues de presse, livres, et quotidiens.

Extrait du chapitre « L’Express »

  • Cylindre d'impression héliogravure en cuivre
  • Rotative héliogravure
  • Maquette de la rotative hélio de l'imprimerie Didier à Mary sur Marne

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